
Le nouvel album d’un des ténors de la jeune génération
Il existe un concept arabe emprunté à la mystique et à la littérature nommé « barzakh », qui désigne littéralement la barrière qui sépare les mondes physique et spirituel. C’est dans cet inter-monde -ici transatlantique- que se situe On Both Sides of the Atlanic, le nouvel enregistrement du saxophoniste Jon Boutellier (1986), dans lequel il a convié les meilleurs musiciens de plusieurs générations et des deux rives de l’océan , comme pour s’affranchir de l’espace et du temps.
Saxophoniste, compositeur et arrangeur, Jon Boutellier appartient à cette génération de musiciens européens émergeante , qui se distingue par sa volonté de répondre à l’exigence d’être moderne tout en restant fidèle à une certaine tradition . Ancien du Cnsm de Paris (en jazz et musique à l’ image) , il a déjà à son actif une belle discographie avec The Amazing Keystone Big Band, l’orchestre qu’il a cofondé avec le pianiste Fred Nardin, le tromboniste Bastien Balla z, et le trompettiste David Enhco. On Both Sides of The Atlantic est son deuxième disque en leader chez Gaya Music , après le remarqué Watt’s (20 1 6) .
Avec un père fondateur du festival Jazz à Vienne, Jon est tombé dans la marmite de la musique étant petit : il a eu la chance de grandir dans une maison remplie de disques, où de grands musiciens de jazz allaient et venaient au gré des conc erts . Oue ce soit en soufflant son Selmer ou en serrant sa plume d’arrangeur, Jon est un fin connaisseur de la musique de jazz, qu’il joue interprète et écrit avec fraîcheur, enthousiasme et autorité . Récompensé pour son travail d’arrangeur par l’Académie du Jazz en 2013 (avec le Keystone Big Band) et 2016 (avec Laurent Courthaliac octet), il compte parmi les ténors phares de la jeune génération.
Un casting transatlantique de 1ère classe
Album à l’instrumentation à géométrie variable, On Bath Sides of the Atlantic propose une véritable immersion sur les scènes new yorkaises et parisiennes du jazz straight ahead, mais d’aujourd’hui.
Fort de son expérience de leader des After Hours du très huppé Duc des Lombards depuis 2014, Jon a su nouer de solides liens avec les musiciens de New York . C’est pourquoi il a voulu s’entourer du bassiste Alexander Claffy (1992) et du batteur Kyle Poole (1993), qui forment ensemble une doublette rythmique redoutable et idéale. Respectivement disciples de Ron Carter et Kenny W ashingt on, ces deux jeunes musiciens ne sont jamais en reste dans la ville qui ne dort jamais : on a pu voir Alexander au sein des groupes de Kurt Rosenwinkel, David Kikoski, Seamus Blake ; Kyle est quant à lui le batteur des groupes de la chanteuse Cécile McLorin Salvant et du pianiste Emmet Cohen avec qui il joue dans le monde entier .
Au format brut, frontal et sans concession du trio sax/basse/batterie se greffent des invité.e.s de premier plan pour de pimente r, provoquer et surtout enchanter l’album.
Présent sur 3 titres , le pianiste Kirk Lighstey (1937) est une véritable légende vivante du jazz : il est ici particulièrement en forme. Son enthousiasme musical , son toucher inimitable et sa main gauche surpuissante sont les attributs d’un géant de cette musique . C ‘ est un vrai bonheur de le retrouver là, avec des musiciens plus jeunes, dans un dialogue qui traverse les océans et les générations. Installé à Paris depuis près de 30 ans, compagnon de route de Joe Henderson , Dexter Gordon , Chet Baker, et auteur d’une immense carrière, Kirk Lightsey fait office de passeur entre les Titans du jazz et une jeune génération avide de s’inscrire dans les pas -de géant- de leurs ainés.
Autre invité de marque sur 4 titres, le trompettiste belge Jean-Paul Estievenart (1985) est une des voix les plus singulières de son instrument sur le vieux continent. Prix Django d’or en 2006, et collaborateur de Godwin Louis, Antoine Pierre et Eric Legnini, Jean-Paul est le parfait pendant au jeu de J on , avec ses phrases modernes et anguleuses portées par une sonorité chaude et robuste.
Enfin, la fabuleuse Célia Kaméni (1991) fait l’honneur de sa présence au sein du disque . Sa collaboration avec Jon débute dès 2010, quand il lui a demandé de venir chanter avec le Keystone Big Band, et avec qui ils ont signé ensemble un magnifique hommage à Ella Fitzgerald (We Love Ella, NOME, 2018). Sa voix douc e, éthérée mais néanmoins puissante vient enchanter cet enregistrement, à tel point que Kirk Lightsey en personne la surnommera Miss Magic tout au long de la session. Comme le dit à juste titre Louis-Julien Nicolaou au magazine Télérama en Novembre 2019 :
« Célia, elle l’a ! ».
Un répertoire versatile
On Both Sides of the Atlantic offre un répertoire constitué à la fois de compositions (Quiet Sides). de standards insubmersibles (Yesterdays, We’II be together Again), de morceaux parfois méconnus de grandes influences de Jon lors de son parcours (1974 Blues d’Eddie Harris, Black de Cedar Walton, Blues on the Corner de McCoy Tyner , Nice and Nasty de Thad Jones et Blue Rose de Duke Ellington), et enfin de relectures de pépites quasi-confidentielles (Maybe September, Save that Time) qui démontrent le goût certain qu’ a Jon à véritablement arranger un répertoire.
On Both Sides of the Atlantic est le témoin fidèle du « barzakh » de Jon Boutellier, un des meilleurs jeunes saxophonistes de Paris , jeune trentenaire déjà auteur d’une belle carrière dont il n’est encore qu’au seuil.
LINE-UP
Jon Boutellier – Saxophone Ténor // Alexander Claffy – Contrebasse // Kyle Poole – Batterie // Kirk Lightsey – Piano // Célia Kaméni – Chant // Jean-Paul Estievenart -Trompette
No upcoming shows scheduled
Concerts passés
09 Jul 2020 | JON BOUTELLIER | CLUB DE MINUIT - JAZZ A VIENNE | CLUB DE MINUIT - JAZZ A VIENNE | ||
04 Apr 2020 | JON BOUTELLIER | Paris Duc des Lombards | Duc des Lombards | ||
03 Apr 2020 | JON BOUTELLIER | Paris Duc des Lombards | Duc des Lombards | ||
02 Apr 2020 | JON BOUTELLIER | Lyon BEMOL 5 | BEMOL 5 |